Troquer sa maison
normande contre une villa californienne, c'est possible. L'échange
d'appartements et de maisons le temps des vacances est même en plein essor, sur
fond de crise et grâce au développement d'internet. « Les gens cherchent une
alternative pour partir moins cher. Les échanges ont vraiment progressé depuis
2008 ».
Plus de 150 000
trocs de maisons et appartements sont attendus dans le monde en 2013. La
pratique est née dans les années 50, dans les milieux universitaires aux
États-Unis. « Pas étonnant: les Américains sont très mobiles et
ont peu de lien affectif avec leur logement », relève Josette Sicsic,
spécialiste des comportements touristiques. Le phénomène a ensuite gagné
l'Europe. « Il a été fortement dynamisé avec l'arrivée d'internet
à la fin des années 90, qui a permis de diffuser en ligne les annonces. Et ces
dernières années, la crise a joué comme accélérateur ».
Plus de 75 000
échanges en 2012
En 22 ans, Jocelyne
Roger a troqué « 50 ou 60 fois » sa maison des
Landes avec piscine. Cette année, cette directrice d'école retraitée de 65 ans
et son mari ont reçu 180 propositions d'échange sur le site
TrocMaison. « C'est intéressant financièrement. C'est aussi un
état d'esprit. Les gens qui viennent chez nous entretiennent les fleurs et le
potager », confie Jocelyne.
Le numéro un
mondial HomeExchange, né en 1992, revendique 75 000 échanges en 2012 et en
prévoit jusqu'à 90 000 en 2013 entre ses 47 000 membres, via une quinzaine de
sites dont TrocMaison. HomeLink, né en 1953, a lui enregistré 35 000 échanges l'an
dernier. Certains sites sont spécialisés, comme LoveHomeSwap, qui donne
dans les maisons de prestige.
Tous se rémunèrent
grâce aux frais d'adhésion. Pas de commissions prélevées sur les trocs puisque
ceux-ci sont gratuits. « Les locataires peuvent aussi échanger. Ce
n'est pas une sous-location », précise Alexandra Origet du Cluzeau,
directrice de la communication de HomeExchange.
Portrait robot
des troqueurs
Qui sont les
adeptes ? Les champions sont les Américains. Suivent dans l'ordre les Français,
les Espagnols, les Canadiens et les Italiens, selon une étude récente de
l'Université de Bergame (Italie).
Il s'agit pour moitié de familles avec enfants et pour 37 % de couples sans enfant. Les 45-54 ans sont les plus nombreux. Viennent ensuite les 35-44 ans puis les 55-64 ans. Plus de 60 % ont fait des études supérieures. La motivation première est d'économiser mais il y en a d'autres, comme la recherche d'une expérience culturelle authentique et conviviale. « Les Américains adorent l'immersion dans la vraie France, le marché, la bonne boulangerie... », note Alexandra Origet du Cluzeau.
Il s'agit pour moitié de familles avec enfants et pour 37 % de couples sans enfant. Les 45-54 ans sont les plus nombreux. Viennent ensuite les 35-44 ans puis les 55-64 ans. Plus de 60 % ont fait des études supérieures. La motivation première est d'économiser mais il y en a d'autres, comme la recherche d'une expérience culturelle authentique et conviviale. « Les Américains adorent l'immersion dans la vraie France, le marché, la bonne boulangerie... », note Alexandra Origet du Cluzeau.
A Berlin, Séverine
Heneveld, mariée et mère de 3 filles âgées de 4 à 10 ans, note « le
côté pratique » : « On troque chaque été notre maison,
voiture comprise. Sur place, on peut utiliser vélos, sièges auto, jouets...» Elle
apprécie la « mentalité décontractée » qui prévaut.
« L'an dernier, les gens ont laissé à Berlin pour nos filles des
vêtements devenus trop petits pour leurs enfants », raconte
Séverine. « Ce n'est pas facile de laisser ses clefs la première
fois. Mais on y gagne au passage l'impression d'être plus noble, plus humain,
moins mesquin », souligne Denise Lemoine. Anne, 51 ans, qui a
troqué pendant des années son appartement de Manhattan à New-York, assure
n'avoir « jamais eu de mauvaises surprises ». Au contraire: « La
première fois, un gratin de pâtes attendait nos enfants, du vin et une salade
pour nous ».
Echange
appartement contre villa
Sur HomeExchange,
un quart des biens proposés sont des appartements - pas seulement dans les
grandes villes - et le reste, des maisons. « On peut échanger un
2-pièces parisien contre une villa avec 3 chambres et piscine à San Diego, affirme Alexandra Origet du
Cluzeau. Et pas besoin d'être au pied de la Tour Eiffel ».
Malika Lefeuvre, 66
ans, qui revient de Las Vegas avec son mari, raconte avoir troqué sa maison de
Gouville-sur-Mer dans le Cotentin contre une demeure « immense et
incroyable », avec des Américains qui « voulaient visiter
les plages du débarquement en Normandie ». « Au début,
j'avais un peu de réticences à l'idée que des gens dorment dans mon lit. Mais
on s'y fait », dit cette ancienne secrétaire
commerciale. Adaptation à la crise oblige : le troc pour un week-end ou à
la dernière minute est en plein développement sur HomeExchange.
Source: Le nouvel observateur
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